Dis-moi média

Matt (Matt Berry) est l’exécuteur de la Couronne britannique, Rich (Rich Fulcher) son assistant. Après le travail ils se réfugient dans le confort capitonné du Club des gentlemen exécuteurs du royaume. Entre les deux c’est une histoire d’amitié vache. Ils passent beaucoup de temps ensemble sans vraiment s’en réjouir. L’arrogance de Matt profite des hésitations de Rich pour le doubler. L’ordre des choses est ainsi : Matt réussit et Rich subit.

Qu’il est difficile de résumer Snuff Box tant l’univers pioche dans le surréalisme, l’humour noir et l’absurde. Même si cette série tourne principalement autour des deux personnages principaux, de multiples créations éphémères et des scènes indépendantes viennent ponctuées chaque épisode. Ainsi Snuff Box mêle le genre de la sitcom au sketch show. La confusion entre le réel et la fiction est aussi entretenue par les deux personnages qui portent les mêmes prénoms que les acteurs/créateurs/auteurs. Ils incarnent un double fictionnel d’eux-mêmes. Matt est un homme avec un égo et une séduction hors norme. Quant à Rich il incarne le stéréotype américain que l’on retrouve souvent dans la comédie : un enthousiaste ridicule. Snuff Box est leur première création. En apparence bordélique l’imaginaire décrit ici montre sa cohérence.

Je ne suis pas la carrière de Rich Fulcher mais pour Matt elle incarne une exception dans les registres abordés même si dans les grandes lignes le personnage dessiné ici l’accompagne toute sa carrière.

La série est une commande précipitée de la BBC suite à la déprogrammation de Popetown une série animée qui a soulevé la colère de quelques catholiques avant sa diffusion. En guise de dédommagement la BBC commande à la même société de production une série avec la garantie d’une liberté totale. L’affaire est connue d’avance, une seule saison de 6 épisodes et une occasion unique pour les jeunes comédiens. La communication autour de la série et son horaire aboutissent à des audiences maigres, une seule diffusion et Snuff Box devient un objet pour initiés. Diffusée en 2006 la série est de son époque sans rentrer complétement dans une quelconque filiation. Ils plaisantent sur la mort et l’amour, l’égoïsme et les sales coups règnent. Ainsi chaque épisode s’ouvre sur une pendaison et un dialogue absurde entre l’exécuteur et son assistant. Les auteurs s’autorisent beaucoup de choses comme une scène érotico-dégueulasse entre Rich et une peluche ou une porte du club menant dans le passé de ce même club. Le plus savoureux est le décalage. L’improbable et le banal se croisent. La bonne humeur de Rich s’accorde mal avec le contexte. Matt lui se fait régulièrement tabasser par un vendeur pour oser aller récupérer ses bottines au magasin. A l’image des quelques chansons qui émaillent la saison. Comme le générique, elles sont toutes composées par Matt Berry et chantées par le duo.

Snuff Box exploite une créativité rarement exploitée de cette manière dans la comédie télévisée. Elle démontre en prime le talent brut de Matt Berry et Rich Fulcher qui parviennent à la distinguer des productions de l’époque. Forcément dans leur élément Berry et Fulcher s’offrent les petites apparitions de camarades rencontrés auparavant comme Alice Lowe ou Richard Ayoade… La reconstitution d’atmosphère et d’époque est riche et très fournie, le tout est baigné d’une chaude lumière qui contraste toujours plus avec les propos. Les intrigues se construisent sur des sujets anecdotiques comme la découverte du journal intime de Matt ou Rich en gâcheur de chute de blagues. Barré, voire même dérangeant pour certaines scènes, Snuff Box offre une multitudes de lieux, notamment le divan d’un fabuleux psy et de thèmes pour ne pas lasser, sans toutefois perdre le lecteur grâce à ce je ne sais quoi qui parvient à lier le tout.

Ecrit par Matt Berry et Rich Fulcher, avec l’aide de Nick Gargano. 6 épisodes de 30 minutes. 2006.