
Ses parents, ses proches, la police tous pensaient ne jamais la revoir vivante. Ivy Moxam (Jodie Comer) s’échappe de la maison de son ravisseur après 13 ans de captivité enfermée dans une cave. A peine libre elle doit revivre son passé et affronter son traumatisme sous les questions de deux enquêteurs Elliott Carne (Richard Rankin) et Lisa Merchant (Valene Kane). Le suspect est introuvable, Ivy est épuisée, chamboulée et ses parents perdus face à l’immense tâche de réaliser la transition en douceur.

Thirteen est en surface la traque d’un criminel dangereux, les scénaristes usent de ce fil rouge pour observer les ravages de la captivité et la nécessité de la revivre tant sur la victime que sur son entourage. Ivy rêve de reprendre la vie telle qu’elle l’a laissée 13 ans auparavant. Cela implique une remise en cause des évolutions de sa famille et de ses anciens amis bouleversés par le retour personnifié d’un passé douloureux. Ivy a inévitablement développé un retard mental, elle reste la fille de 13 ans dont la vie s’est brusquement arrêtée. Elle rêve de retrouver l’amour et l’affection. Ces manques, la douleur et la souffrance psychologique ont entraîné une confusion des valeurs et des ressentis. Dur de savoir si Ivy ment, est atteinte du syndrome de Stockholm ou tout simplement souffre d’une grande détresse psychologique qui l’empêche de faire preuve de clarté. Ivy nous apparaît d’abord touchante, puis mystérieuse et finalement inquiétante. Plus l’enquête progresse, plus la vie reprend son court et plus les doutes s’installent. Nous ressentons la douleur de compatir puis d’accuser. Nous vivons les revirements d’Ivy, des inspecteurs et de sa famille. Si il y a une enquête policière c’est principalement par le biais psychologique qu’elle nous ait présentée. La culpabilité, la colère et la résignation sont abordées sans voyeurisme ni misérabilisme. La jeune femme brisée est le pivot des tourments, des questionnements et des rebondissements. Sur ces épaules reposent la perversité de la captivité, l’impuissance de tout comprendre et encore moins d’empêcher.

Parfois certaines approches peuvent sembler exagérées ou classiques et finissent par se révéler pertinentes. Ivy trimballe sa masse de cheveux et ses vêtements trop grands de son évasion à son retour à la vie normale. Comme un fantôme dans la vie de ses proches et une bulle pour elle, sa garde-robe est à l’image de ses attentes elle recherche le réconfort et la protection, des tenues moelleuses pour l’accompagner dans une vie qu’elle veut douce et construite selon ses envies. Les officiers bénéficient d’un arc connu, un homme, une femme vous connaissez la suite. Sauf qu’au lieu d’une banale histoire sentimentale le lien entre les deux inspecteurs permet de creuser l’empathie que l’un porte à la victime et le zèle de l’autre. Au fond tout est centré sur les personnages, le décor est plus un prolongement d’eux qu’un élément à part. Ni la réalisation, la lumière et les couleurs ne sont pour autant mornes, elles participent à l’ambiance en douceur sans prendre une part active à la narration. L’arc principal se confond avec la psychologie d’Ivy sans qu’il ne prenne le dessus sur les personnages secondaires. Chacun peut exister et apporter sa singularité au récit. Le scénario est resserré pour appréhender simplement et au plus près ce drame jusqu’à provoquer l’identification du spectateur avec Ivy et sa famille malgré une situation tragique exceptionnelle. Les acteurs livre une jolie participation avec en tête Jodie Comer qui parvient à retranscrire la complexité et la bataille psychologique de la victime. Richard Rankin et Lavene Kane campent deux inspecteurs sans mièvrerie pour l’un, ni déshumanisation pour l’autre. De même la famille apporte un nuancier émotif approprié et individualisé où chaque acteur peut se permettre d’explorer la frustration de son personnage sans en faire trop.
Ecrit par Marnie Dickens. Réalisé par Vanessa Caswill, China Moo Wong. 2016. 5 épisodes de 58 minutes.
Vous pouvez trouver une VOSTFR ici
Je ne connais pas du tout cette série mais la manière dont tu la défends me donne envie de m’y intéresser !
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Merci ! Le traitement est juste et sans pathos, tu peux te lancer !
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Tout comme Tina !
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Merci ! D’ailleurs j’ai oublié de préciser que tu peux trouver une VOSTFR sur, ahem, certains sites (j’ai rajouté un lien en bas de l’article)
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Waouh, c’est un sujet sérieux pour une série !
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L’avantage avec son format court c’est qu’il est traité de manière exhaustive sans tirer sur les sentiments et sans être plombant.
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Je connaissais que de nom la série mais ton avis me donne envie de m’y intéresser de plus près 🙂
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Et bien j’espère qu’elle répondra à tes attentes ^^
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