
Alan fait enfin son grand retour à la télévision après 9 ans d’absence. Alan est de retour et il a changé. Il semble plus apaisé et nous invite pour deux voyages intenses. Avec un semblant de modestie et de professionnalisme Steve Coogan campe un Alan sujet de 2 faux-documentaires, pastiches parfaits du genre. Alan, animateur raté qui ne loupe pas une occasion pour s’imposer, écrit et monte deux documentaires qu’il pense à sa gloire. Vous allez penser que je radote mais je suis encore obligée de préciser à quel point ces nouveaux projets sont précis, quasi-chorégraphiés et malgré la longue attente, l’absence d’Armando Iannucci et l’arrivée des 2 nouveaux collaborateurs Neil et Rob Gibbons Alan Partridge évolue sans oublier les fondamentaux de ce personnage pour un résultat toujours hilarant et des scènes cultes.
I’ll be going on a very emotional journey to discover who, why and what I am. A “Partridge Pilgrimage”, or a “Patrimage”, a “Pilgrimartridge”, a “Partrimilgrimage”.
Alan Partridge : Welcome to the places of my life (2012)
Etre un membre respecté et accompli du monde du divertissement requiert un apprentissage et des rencontres formatrices. Pour Alan un tour de la ville suffira. Les places ‘de sa vie’ sont les lieux les plus importants de Norwich à savoir la mairie, la piscine, le cimetière ou encore le marché. Alan fait ce qu’il peut, malheureusement pour lui le documentaire, son écriture et le montage sont des choses qui ne s’apprennent pas dans l’urgence d’une énième séquence ratée.
Le manque de professionnalisme d’Alan Partridge a enfin son documentaire. Avec un programme censé être à sa gloire Alan se ridiculise tout seul par une mauvaise préparation et un montage foireux. Quoi de plus agréable que d’entendre un animateur à bout de souffle et reniflant toutes les 10 secondes à cause d’une ballade en forêt par temps humide, et étant à la recherche d’un bâton de marche n’est pas foutu de casser une branche sans s’étaler par terre. Quand Alan n’est pas baroudeur il est sentimental. Après avoir enfin trouvé la tombe de ses parents il enchaîne avec une rencontre surréaliste avec le prêtre en charge du cimetière, un homme lent et évasif qui oblige Alan a adopter tant bien que mal son rythme. Heureusement Alan a la bonne idée d’accélérer la scène, c’est toujours mieux que de couper en douce les passages gênants. Sa maîtrise du montage lui sauve encore la mise dans la séquence mémorable de l’interview à la piscine. La meilleure séquence de ce document avec une démonstration du papillon catastrophique. Avez-vous déjà essayé de faire du sur-place où vous n’avez pas pied ? Et en faisant votre travail ? Il faut reconnaître à Alan une volonté de renouveler sans cesse l’exercice. Evidemment Alan se noie à mesure que l’interview avance, histoire de ne pas passer complétement pour un con, il coupe et tourne à nouveau ses questions en position digne tout en oubliant d’éditer la bande-son où l’on entend les réponses de l’hydrothérapeuthe couvrir à peine ses bruits de noyade. Toujours maladroit dans ses descriptions Alan ponctue ses déambulations en qualifiant la peste de ‘Flying aids‘ et pour avoir voulu faire le malin il se fâche avec un vendeur de Range Rover.
A la mairie face aux portraits des anciens maires : « These people may all look like retired pirates, but in actual fact, they’re former Lord Mayors of Norwich. Now, despite the Norfolk black-lack, we’re a pretty progressive bunch around here. Take our current Lord Mayor for example. It may surprise you to learn that he is a woman. We’ve always believed in giving women a fair crack at the whip. Not literally. That would be a dominatrix, which we also have in Norwich. They are currently three of them. Yeah, about three. »
Alan Partridge’s Scissored Isle (2016)
Alors que tout se passait presque bien à North Norfolk Digital, Alan invite des jeunes en studio et agacé par les piques d’un gamin il finit par l’insulter dans un torrent inédit de vulgarité. Alan n’est qu’un être humain avec ses défauts, en quête de pardon il veut rendre hommage aux gens du nord qu’il a offensé. Scissored Isle est le documentaire de la rédemption : Alan et Norwich, Alan et les petites gens, Alan et la vie. Autant vous dire que ça finit très mal. Alan va-t-il mourir ?
Scissored Isle c’est la tristesse. Alan se la joue reporter au coeur de l’action avec tout le ridicule qu’on lui connaît. Avec un ton en mode immersion héroïque, il effectue une incursion dans la vie des petites gens avec du journalisme de terrain dont il a absorbé tous les tics, du style narratif jusqu’à la mise en scène. Il commence plein de bonne volonté jusqu’à ce que sa mégalomanie ait raison de son empathie. Le documentaire souffre surtout de son manque de préparation et saborde son investigation par orgueil. Il tente d’apprivoiser un groupe de jeunes qu’il associe à un gang et finit par prendre accidentellement de la drogue. Alan apparait vulnérable et pas seulement par ce qu’il met sa vie en danger au nom de l’information. Vient le soulagement avec la séquence géniale au supermarché où il se découvre un talent à scanner les produits et déploie un zèle absurde à embêter une pauvre veille dame qui a le malheur de mal déposer ses articles sur le tapis. C’est un Alan plus vulnérable qui s’expose ici. C’est touchant de le voir s’accrocher désespérément à des bribes d’autosatisfaction. Il semble toujours avoir des comptes à régler avec tout le monde. Mais Alan n’a pas de quoi s’en faire, après tout c’est lui qui est aujourd’hui devant la caméra.
Ecrits par Steve Coogan, Rob et Neil Gibbons. Dirigé par Dave Lambert (Welcome To The Places Of My Life) et par Neil et Rob Gibbons (Scissored Isle). 2012 et 2016. 45 et 40 minutes.
Retrouvez sur mon blog un portrait/hommage à Steve Coogan – L’observateur obsessionnel https://dismoimedia.com/2016/10/20/portrait-de-steve-coogan-lobservateur-obsessionnel/
Le gif de la personne me fait toujours autant marrer !! 😀
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Il est tellement magique 😀 😀 Rien que de penser à la scène me fait marrer ! Depuis qu’il a quitté la Beeb pour Sky y’a pas moyen de trouver des extraits -_- pourtant je placerai bien cette scène comme une des meilleures depuis la création d’Alan !
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« Needless to say, I had the last laugh! » Cet Alan, on ne s’en lasse jamais!
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Ahh cette réplique ❤ Et dire que tous les projets d'Alan se termine encore comme ça !
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