Knowing Me, Knowing You with Alan Partridge (BBC2) – Le ringard et le sublime

Knowing Me, Knowing You with Alan Partridge
(TvTropes.org)

Alan Partridge est un con. Méprisant, arrogant, incapable. Il est aussi un grand enfant qui réalise enfin son rêve de toujours : animer sa propre émission « Knowing Me, Knowing You with Alan Partridge » (KMKYWAP). Accompagné du chef d’orchestre Glenn Ponder et son groupe, Alan reçoit et mène avec une incompétence rare des entretiens ponctués de séquences minables dominés par un égo surdimensionné.

 

Alan Partridge gif 3

Difficile de savoir par où commencer quand une série, comme ici, atteint le sublime et ce sans citer toutes les répliques. Avant un peu d’histoire pour présenter ce cher Alan. Avant d’atteindre l’excellence avec le 1er programme qui lui est entièrement consacré, Partridge naît sur BBC Radio 4 d’une collaboration entre Steve Coogan et Armando Iannucci pour l’émission de ce dernier On The Hour. A l’origine il devait être un personnage éphèmère au service d’un seul sketch. Il devient rapidement source d’inspiration pour le duo rejoint par les auteurs Richard Herring et Stewart Lee. Six épisodes radiophoniques de Knowing Me, Knowing You with Alan Partridge sont diffusés en 1992. En 1994, Partridge fait ses 1ers pas télévisés dans The Day Today une création de Iannucci et Chris Morris où collaborent l’équipe d’auteurs et acteurs à l’origine de KMKYWAP, sortie la même année.

 

Knowing Me, Knowing You with Alan Partridge Gif

Knowing Me, Knowing You est l’aboutissement d’une collaboration où la parodie tient une place à part. Créé par Iannucci, Coogan et Patrick Marber, les acteurs réguliers sont également auteurs: Rebecca Front, David Schneider et Doon Mackichan. Cette équipe ultra-talentueuse sert un show remarquablement écrit et précis où se succèdent à un rythme fou répliques cultes, gags visuels et situations surréalistes. Je ne suis pas sûre qu’Alan soit fondamentalement mauvais mais sa confiance extrême en son propre talent conduit à des situations inconfortables pour ses invités, voire violentes. Curieusement la série évite le malaise grâce justement à ce personnage. N’ayant pas conscience de sa responsabilité et de ses propres échecs Alan se reprend avec une facilité déconcertante. Le personnage est un looser magnifique, ridicule mais pas exécrable. Parfaitement développé il nous apparaît presque touchant. Les invités sont des specimens remarquables, clin d’oeil à d’étranges moments de la télévision britannique, comme la visite de Vivienne Westood chez Terry Woogan. Sans oublier les placements de produits qu’Alan pense si discret, une tactique qui atteint son apothéose lors de l’édition spéciale noël.

Patrick Marber et Rebecca Front - Knowing Me, Knowing You with Alan Partridge
Patrick Marber et Rebecca Front

En seulement 30 minutes et 6 épisodes KMKYWAP est un incroyable concentré de comédie culte. Alan s’acharne à chaque émission à installer ses gimmicks, le plus célèbre étant son A-HA lancé en introduction, avant de s’élancer sur le plateau. Quelques séquences censées devenir des rendez-vous incontournables impliquent systématiquement une organisation ratée ou un produit dérivé « Alan Partridge », notamment la venue en plateau d’un homonyme à qui il offre un badge et une cravate siglés en son nom, où la reconstitution du relay féminin des J.O de 1936. Alan joue les professionnels, de ceux qui comptent et maîtrisent le milieu jusqu’à ce qu’il se confronte à plus fort ou fou que lui. Il terminera l’épisode 5, la tête au dessus d’un cul nu, tentant de conclure tant bien que mal un débat politique (Vidéo suivante). A noter la présence d’un public autant partie prenante de l’émission que spectateur de la série. L’épisode spécial noël Knowing Me, Knowing Yule est la conclusion idéale. Odieux comme jamais, Alan se confronte à une sonneuse de cloches réactionnaire (Rebecca Front), un golfeur paralysé (Patrick Marber), sa femme hilare (Doon Mackichan), le nouveau directeur des programmes de la BBC (David Schneider) et la cuisinière travestie spécialiste des sous-entendus graveleux (Kevin Eldon).

Impossible de finir cet article sans évoquer l’immense talent de Steve Coogan. A seulement 28 ans il délivre une prestation époustouflante. Sa maîtrise des codes du présentateur modèle, du mégalo colérique et du paumé est un modèle de comédie. Facilité par un visage modulable à loisir, Coogan parvient à une transformation faciale et vocale hallucinante et une aisance folle. KMKYWAP est une merveille à tout point de vue que l’on doit à une équipe si douée. Armando Iannucci, producteur, créateur et auteur est également derrière The Thick of It et Veep. Patrick Marber créateur, acteur et auteur de Closer. Rebecca Front auteure et actrice principalement pour la télévision, The Thick of It notamment. Doon Mackichan collaboratrice sur Smack The Pony et actrice dans Toast of London. David Schneiber enchaîne lui les petits rôles et écrit pièce et sitcom où il explore ses origines.

Si vous voulez vous faire une idée jetez vous sur le spécial France (épisode 4) et son hilarant défilé de mode à Paris (« I’m not Giorgio Armani, I’m Alan Partridge » « A look I define as sports casual », « chevron action flash »…) (Extrait ci-dessus), les préjugés racistes d’Alan et sa formidable rupture avec Glenn Ponder « Knowing Me Alan Partridge, Sacking You Glenn Ponder ».

 

Ecrits par Armando Iannucci, Patrick Marber et Steve Coogan avec le soutien de David Schneider, Doon Mackichan et Rebecca Front. Réalisé par Dominic Brigstocke. 2 saison (1 radio & 1 tv). 12 épisodes + 1 spécial. 30 minutes. 1992-1994.

 

Retrouvez sur mon blog un portrait/hommage à Steve Coogan – L’observateur obsessionnel https://dismoimedia.com/2016/10/20/portrait-de-steve-coogan-lobservateur-obsessionnel/


9 réflexions sur “Knowing Me, Knowing You with Alan Partridge (BBC2) – Le ringard et le sublime

    1. Tu vas te régaler, le nombre de détails dans les décors et de la part des personnages/acteurs est incroyable, j’ai passé le visionnage à revenir en arrière. Du grand art comique et la suite, I’m Alan Partridge rivalise d’excellence !

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    1. La qualité est telle que tu vas halluciner à chaque scène ! Je pense que tu le trouveras sur les sites brits. Perso j’ai l’intégrale Coogan à 40 €. Tu peux l’acheter sur le BBC Shop ou trouver la série seule, seulement sous-titrée en anglais ce qui s’avère très utile. http://www.bbcshop.com/sitcom/knowing-me-knowing-you-knowing-yule-dvd/invt/bbcdvd1207 Avec le fabuleux spécial noël Knowing Me, Knowing Yule qui ouvre la voix à la deuxième série.

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  1. Et merde je n’ai pas reçu ta notification de réponse, c’est pour ça que je te réponds hyppppeeeer tard !
    £6.49, ça fait combien en euros à peu près ?

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    1. Tu prends le temps que tu veux pour me répondre 😉 Ca fait 9.03€, tu peux changer la somme à côté du « panier »
      Après je te conseille de mettre directement 40€ de côté pour l’intégrale http://www.bbcshop.com/comedy-sketch-shows/steve-coogan-the-complete-collection-dvd/invt/bbcdvd2873. Bon apparemment les commentaires enregistrés pour l’occasion sont aussi dispo pour les éditions normales. Mais tu verras la suite en deux saisons I’m Alan Partridge est PHE-NO-ME-NA-LE ! Donc ça te fera aux alentours des 30€, là tu auras 12-13 dvds (uniquement les productions pour la BBC, pas les spectacles), édité en 2009 donc sans The Trip et la dernière série d’Alan.

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  2. Hello! J’aime beaucoup ton titre et la première phrase. Tout est dit 🙂
    Personnellement dans « Knowing me, knowing you » je me souviens de cette fin d’épisode où il fait un medley des chansons de Kate Bush : le massacre innocent d’une oeuvre caractérisée par une grâce toute féminine est déconcertant et tellement drôle! C’est fou tout ce que l’on peut comprendre sur le personnage d’Alan juste en voyant sa réinterprétation.

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    1. Merci 😉
      Ah le Comic Relief special ?! Pauvre Alan, heureusement qu’il ne se rend compte de rien, ça et la fin du direct le cul à l’air et une tarte à la crème dans la gueule XD C’est très con ce que je vais écrire mais Steve a quand même du courage de se lancer dans un tel exercice d’humiliation
      Tu soulignes parfaitement le génie de cette écriture, tout est prétexte à nourrir le personnage. Comme ce medley Abba avec la sublime Rebecca Front, son désir de faire le beau devant la caméra est tout autant hilarant que ses horreurs verbales. En même temps c’est assez touchant. Franchement sa complexité dépasse celle de nombreux personnages dits dramatiques.

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