Dis-moi média

Le journalisme vidéoludique est un bien étrange animal. Les magazines papiers ont énormément souffert, les magazines de l’âge d’or n’ont pas survécu et les sites en ligne gratuits affichent une fréquentation insolente. C’est aussi un milieu où l’investigation et la transparence manquent cruellement. Les titres dominants sont souvent accusés de complaisance, sur les jeux des leaders mondiaux aux défauts flagrants qui parasitent le plaisir de jouer et continuent d’obtenir des notes clémentes. De même pour les pratiques les plus discutables comme les produits virtuels à acheter avec de l’argent réel ou certaines campagnes de crowfunding obscures. Avec une équipe composée en partie d’anciens rédacteurs de la mythique revue Joystick, Canard PC pose enfin les questions qui fâchent avec un art consommé des jeux de mots à la con. Canard PC occupe une position rare rejoint récemment par le site Gamekult et son pari osé d’une refonte avec plus d’analyses moyennant un abonnement.

Bimensuel, le magazine traite de l’actualité des jeux-vidéo et de l’hardware via un numéro spécial. Rumeurs, tests, dossiers et avant-premières sont au menu avec un panorama qui s’étend, contrairement à ce que laisse penser son titre, aux consoles de salons, consoles portables et smartphones. Le ton permet d’installer une proximité avec les lecteurs que l’on imagine engagé et attentif à leur industrie adorée tout en positionnant chaque rédacteur en fonction de ses goûts. Avec une solide culture vidéoludique englobant le genre sous divers aspects des plus techniques au plus artistiques vous aurez plaisir à retrouver ces chers Pipomantis, Izual, Maria Kalash, Guy Moquette…

Chose rare, Canard PC ose le dossier, entre réflexion, analyse et investigation. Un angle souvent abandonné au profit de courte revue et test qui constituent le contenu des principaux concurrents. A tort, comme si les joueurs n’étaient rien d’autres que des consommateurs. Il suffit pourtant de traîner sur les forums pour découvrir l’intérêt de ces derniers pour un secteur peu étudié en profondeur. Canard PC combat le cliché selon lequel le joueur moyen ne cherche qu’un divertissement efficace auquel il conteste le statut d’art. Pour un support en crise ce magazine affiche d’excellents chiffres. Canard PC est indépendant, détenu par ses employés et édité par PRESSE NON-STOP. Selon l‘Agence Française pour le Jeu Vidéo, avec 28 000 numéros vendus par mois les ventes témoignent d’une hausse constante en 2013, la version hardware est à 37 000 exemplaires écoulés. Preuve en est que le journalisme bien fait est vendeur et que les mauvaises ventes sont aussi le fait d’un mauvais contenu.