The Walking Dead – Saison 5 – Guide de la paresse pour les nuls

Affiche - The Walking Dead - Saison 5
On a beau dire, vivre en milieu apocalyptique n’est vraiment pas marrant. Oui Rick et son équipe sont toujours détenus par des psychopathes dans ce qui devait être un lieu de paix, le Terminus. Sauf qu’en plus de ce taper du moisi sur pattes les survivants ont aussi à faire avec des hommes et femmes retournés par la catastrophe. Heureusement sont à leurs côtés la brute Abraham et le tout mou Eugène, scientifique appelé à rejoindre une mission capable d’éradiquer le virus à Washington. Tyreese, petite Judith et Carol, ayant échappé au Terminus, poursuivent leurs déambulations. Sur leurs chemins ils croiseront le père Gabriel, homme d’église hanté par ses souvenirs et une nouvelle communauté Alexandria.
C’est ainsi que la saison 5 démarre sur ce qui est pour moi un des meilleurs épisodes de la série. La série se confronte enfin à l’horreur sur sa forme la plus humaine et la plus ignoble, où les semblables se révèlent aussi cruels. Bon rien de vraiment surprenant dans le traitement, néanmoins voir la série prendre à bras le corps cette thématique est vraiment appréciable. The Walking Dead aborde enfin les problèmes psychologiques qu’entraîne un Etat de guerre et de survie permanent. La brutale mutation de Rick et la stratège qu’est devenue Carol pose la question de la moralité et des limites à la protection du groupe. Difficile de se reconstruire auprès d’un groupe que l’on ne connait pas et qui oblige à une certaine agressivité sans raisons apparentes.
Dans les rapports entre personnages The Walking Dead entre dans une nouvelle ère. Le groupe d’Abraham et le scientifique offre un twist intéressant. Il rappelle la bassesse de l’humain et la conséquence étonnante dans une situation critique. Du côté de Rick après une solidarité forcée dans le Terminus les 1ères dissensions émergent. Jusqu’où faut-il aller pour sauver son groupe. Et surtout peut-on prétendre à la sécurité des siens si l’on est capable d’atrocités. Il aura donc fallut attendre la saison 5 pour se poser ces questions. Les interrogations ne s’étendent pas en de longs monologues passionnants, mais ils ont le mérite d’aborder enfin une problématique inévitable en pleine apocalypse.
Norman Reedus et Steven Yeun
Quelques nouvelles pistes sont ainsi développées malheureusement ce n’est pas suffisant pour masquer l’immense pauvreté de l’écriture. En plus d’une réalisation à la qualité variable la série est incapable d’imposer un desk de scénaristes fixe. Les différences qualitatives sont tellement flagrantes qu’elles aboutissent à passer d’un démarrage excellent à une suite médiocre. Avec une audience record les faiblesses et incohérences sont loin de les déranger. C’est bien simple, ils ne semblent même pas comprendre les personnages dont ils détiennent la psychologie entre les mains. Sans compter toutes les facilités pour créer des situations foireuses et permettre aux héros de s’en sortir d’une manière tellement grotesque qu’on peine à croire qu’il s’agit d’une des séries les plus vues de la télévision américaine.

—————————————————-Spoilers—————————————————— 

J’aimerai évoquer ici deux erreurs. La première concerne Beth. Jeune fille fragile, dont la moitié de la famille est morte sous ses yeux, elle est souvent écartée de l’action. Elle semble naïve et influençable malgré sa longue survie. Chose assez logique finalement, elle est en permanence entourée et couvée. La venue de la petite Judith Grimes lui permet une échappée de douceur dans ce carnage. Au fond son angélisme, voire sa niaiserie, se justifie par un groupe particulièrement attentif à la garder à l’écart. Au cours de cette saison Beth est enlevée et retenue dans un hôpital géré par un groupe de flics autoritaires et peu compréhensible dans ses règles et motivations. Beth est giflée et agressée. Totalement livrée à elle-même un électrochoc aurait du se produire. Elle aurait pu être submergée par l’émotion et l’effroi et sombrer dans une angoisse profonde ou se découvrir une réalité de combattante. Au lieu de ça rien ne se passe, cette étape est vécue comme une nouvelle étape, dure certes, et pourtant sans conséquence sur son moral.
Deuxième problème dans la création des accidents de parcours. L’apocalypse zombie a l’immense avantage de créer un danger permanent. Chaque couloir, coin de rue ou porte est un potentiel piège mortel. Il suffit d’envoyer la troupe vagabonder dans un immeuble pour offrir au spectateur son quota de frissons et de cervelles volantes. Et bien non ! Contre toute logique les scénaristes de The Walking Dead ont choisi tout naturellement de piéger leurs personnages au milieu d’un immense pont où quelques ennemis rôdent et d’où ils peuvent parfaitement voir l’afflux des zombies et s’en échapper avec aisance. C’était sans compter sur la capacité de ces derniers à se téléporter directement sur la chair fraîche. Pire encore, les deux malheureux se réfugient dans une camionnette instable qui effectue une roulade avant dans sa chute. C’est pathétique, surtout pour une série installée qui en est à sa 5ème saison.


—————————————————-Fin des Spoilers——————————————–

 

 

Et pour ne rien gâcher, alors que Rick et Carol s’adaptent aux souffrances endurées, Daryl semble laissé à l’abandon. The Walking Dead n’est pas un exemple de finesse, en revanche être incapable de développer plus de 2 personnages, et assurer un minimum de continuité dans les agissements de chacun est visiblement hors de portée des scénaristes. L’histoire d’Abraham offre des flash-backs intéressants et rapidement c’est plus à la masse de muscle qu’à l’homme complexe qu’on fait appel. Au point que certaines prestations plongent dans l’excès et remettent en cause la qualité de la direction des acteurs. Le pire Gabriel vit constamment dans la caricature de l’homme fou. Et Sasha passera la 2ème moitié de la saison les yeux écarquillés.
Emily Kinney
Cela peut paraître absurde de reprocher un manque d’écriture ou de cohérence à ce qui est d’abord un divertissement, j’en conviens. Il faut seulement être raccord avec ce que l’on prétend être. Znation choisit délibérément la voie du pastiche, In the flesh opte pour une parabole de notre violence sociétale. Et The Walking Dead, explore par l’adaptation du comic, la progression mentale et physique des survivants. Je serai moins déçue si elle ne faisait pas état d’une telle ambition. Les rares tentatives de dialogues et d’introspection sont au choix inintéressantes au possible ou mal écrites.
Le bilan de cette dernière saison est donc mitigé. De bonnes pistes et un final qui donne envie d’y revenir. En revanche la paresse clairement affichée par une équipe sûre du succès du show à un impact non négligeable sur la qualité globale de la série. Surtout quand le matériau de base est aussi riche. Paradoxalement il est difficile d’abandonner cette série. La saison 4 globalement décevante offre l’excellente histoire des jumelles, chaque saison alterne avec une médiocrité, un ridicule et des parenthèses jouissives. Je maintiens mon jugement sévère pour la simple raison qu’il n’y a aucune excuse à ces errements. Nous aurions du avoir un modèle du genre et nous nous retrouvont avec le syndrome ‘Prison Break’. Démarrage et ambiance excellents en 1ère saison et, succès aidant, une inexorable chute de la qualité.

10 réflexions sur “The Walking Dead – Saison 5 – Guide de la paresse pour les nuls

  1. Perso, je me suis arrêtée après la saison 2 pour cause de spoiler intensif lié à la lecture de la BD… J'ai été écoeurée par les atrocités comises par les « humains sains »… et oui, je suis une petite nature ^^ Je trouvais le show trop sombre (tu me diras, difficile de danser la polka dans une situation d'apocalypse… certes… Et puis AMC fait souvent dans le désespoir…). Bref, tu soulève un point qui touche pas mal de séries : des saisons excellentes suivie d'épisodes « de remplissage », des personnages qui offrent leur limite d'évolution, un scénario qui stagne… bref des saisons médiocres qui « survivent » sur l'acquis d'un début empreint d'une excellente qualité… Pour moi, c'est lié au « savoir s'arrêter au bon moment ». Belle journée 🙂

    J’aime

  2. Je suis d'accord avec ta chronique. La saison démarre bien (même si, comme tu le soulignes, rien de bien surprenant) et après qu'est-ce que c'est paresseux et si prévisible (toutes les morts, la révélation d'Eugene etc…). Heureusement, comme tu le dis, on reste tout de même « accro » et la fin de la saison donne envie de se plonger dans une sixième saison. Mais les scénaristes vont devoir se ressaisir et arrêter de faire du surplace ! Après, je pense que le vrai tort de cette saison est d'avoir ajouté (de tête) 4 épisodes supplémentaires. On sent qu'il y a du blabla inutile…

    J’aime

  3. Les morts étaient gratinées cette saison là ! Du coup j'imagine que tu ne regrettes pas les cannibales !
    C'est le cercle vicieux permanent avec ces vendeta incessantes, et à l'inverse j'aimerai que ce ne soit pas sombre seulement dans les faits et aussi dans les réflexions.
    C'est tout de même étonnant que dans toute cette chaîne de production l'absence de recul sur la construction et le produit final. Et tu as absolument raison, AMC s'est faite championne dans l'usage intensif de la poule aux yeux d'or. D'habitude on se lasse des mécaniques répétitives ici leur absence aurait du nous satisfaire mais rien ne vient en remplacement. Elle devrait d'ailleurs lancer le spin-off en 2016. Il s'agirait d'un pre-quel au début de l'épidémie. Avec un sujet aussi passionnant mêlant panique, organisation et effondrement du monde actuel, s'ils réussissent à se foirer sur ça on peut légitimement demander leurs démissions !
    Merci bonne journée à toi aussi ! ^^

    J’aime

  4. Faut avoir la capacités de se mettre au repos complet pour regarder paisiblement et se laisser porter par l'histoire. Heureusement l'histoire d'Eugene amène la seule réflexion développée et intéressante.
    Oui les retrouvailles qu'on espérait plus ! Quand tu penses le nombre d'épisodes qu'il aura fallu entre son introduction et son arrivée dans l'histoire… D'ailleurs j'ai lu des avis assez positif sur la nouvelle communauté, en particulier sa patronne. Je l'ai trouvé au contraire assez agaçante. Difficile de dire si c'est le personnage ou l'actrice. Je crois que j'aurai aimé une meilleure intro. au moins de la patronne pour mieux comprendre sa conception de la survie.
    Il faudrait avoir un vrai et permanent showrunner et un desk stable. Et oublier comme tu le dis de prévoir des saisons à rallonge avant même d'avoir fini d'écrire la saison.
    Sur ta dernière remarque te souviens tu de cette scène dans une libraire où Glenn et Abraham discutent en pleine nuit. Interminable et filmée n'importe comment. Sous prétexte de créer une atmosphère faussement oppressante la nuit était tellement noire que le rendu était juste désagréable. Ce travail de débutant…

    J’aime

  5. Oui, pourtant l'histoire d'Eugene est intéressante. Mais le peu d'espoir installé pour faire bouger cette série (moi je veux connaître les avancées scientifiques, sinon on tourne en rond) s'effondre bêtement et en plus sans surprendre !
    Le problème de cette série, c'est qu'on nous montre qu'un seul point de vue : celui de Rick et de ses amis. L'autre est alors toujours celui qui est en tort. Je ne dis pas que cet unique point de vue n'est pas valable mais je trouve que la série a de plus en plus de mal à montrer que les Autres ont des points de vue défendables (du coup c'est pour ça que tous les personnages en dehors de leur groupe sont des gens méchants ou qui ont forcément tort). Du coup, même quand on veut montrer l'animalité de Rick, on a toujours l'impression que les scénaristes lui trouvent des excuses.
    Oui je me souviens de cette scène (qui franchement ne servaient pas à grand chose). Effectivement même la mise en scène commence à devenir désagréable…

    J’aime

  6. D'ailleurs on se demande pourquoi les flash-back d'Abraham, j'ai pas mémoire que cela aie servi à mieux l'approfondir…
    Tiens je n'y avais pas pensé. C'est qu'il est difficile d'avoir de la compassion voire même de la compréhension pour le nouveau groupe par exemple. Dans ce sens une meilleure écriture aurait fait poindre de l'empathie pour tout le monde. Encore que dans le groupe de Rick, s'il arrivait quelque chose à Glenn je m'en fouterai.
    En revanche on peut prendre le traitement de Rick comme étant une des rares réussites. Le montrer aussi double et ne pas lui en vouloir signifie qu'ils ont aussi su montré les motivations de sa complexité.

    J’aime

  7. Non, en fait, les flashbacks d'Abraham sont inutiles, juste pour nous confirmer qu'il est à la ramasse !
    Oui après on revient toujours au même point : un problème d'écriture.
    Ooooh mais j'aime Glenn 😮 ne le tue pas 😮
    Après j'aime bien Rick aussi même si c'est un personnage très décrié par les fans ! Mais c'est juste dommage d'excuser toujours ses actes alors que je ne crois pas qu'il soit si différent de ses « ennemis ».

    J’aime

  8. J'aimais bien Glenn au début mais il est devenu absolument transparent, sauf avec maggie, m'enfin comme ils ne savent pas faire de personnage, je n'espère rien quand à l'éventualité d'une histoire d'amour complexe et pas juste banale, surtout dans ce contexte…
    Rick est plus intéressant que jamais mais je crois que tes craintes ne viennent d'un problème de conception du groupe, comme tu l'as déjà relevé et qui n'existe que comme réaction précise à un moment donné. On ne vit que pour le groupe de Rick, et encore ! Quelques personnalités fortes symbolisent l'ensemble. L'évolution de Rick sera complète et réellement complexe lorsqu'ils auront construit la dynamique du groupe. On pourra alors évoquer Rick en tant qu'homme et en tant que leader. Au point où nous nous sommes arrêtés la seule remise en question est une baffe de Michonne, c'est dire

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire