Dis-moi Broadchurch

Des falaises, une mer déchaînée, de vastes prairies, Broardchurch est un petit paradis au coeur de l’Ecosse. Tout le monde se connait, se côtoie.
Un matin Danny Latimer, 11 ans, est retrouvé mort sur la plage.
Une tragédie au cœur d’Humbleton qui survit tant bien que mal à la suspicion, la paranoïa et à l’enquête des deux inspecteurs de police Alec Hardy (David Tennant) et Ellie Miller (Olivia Colman).

Vous imaginiez un jour découvrir en access et sur une grande chaîne, une série policière intelligente ?
Vous pensiez que le genre était condamné au traitement manichéen du méchant contre la gentille victime? Où la bavure c’est pas grave par ce que de toute façon c’était lui le méchant ?

Le parti pris est visible dès les premières minutes puisque l’enquête évite l’écueil classique de la démonstration scientifique. Broadchurch ausculte sans voyeurisme les rapports humains au cœur du drame, sans jamais tomber dans le glauque. Je vous mets au défi de revoir la scène où les parents apprennent la mort de leur fils sans verser une larme !

Broadchurch bénéficie du savoir faire anglais, à la limite de la sécheresse, du dépouillement. Pas besoin d’effusion de sang et de larme, la douleur et le désespoir se livre avec brutalité, avec une efficacité redoutable et au pathos inexistant. La série explore les failles de chacun sans s’appesantir, sans lourdeur. Dans un format court de huit épisodes de 45 minutes on est étonné de la capacité qu’à Broadchurch à évoquer autant de vie, de fêlures sans basculer dans le catalogue des sentiments.

L’art des réalisateurs anglais est d’offrir aux personnages, jusqu’au plus vils, une dignité.  Le traitement du coupable idéal, le pédophile déjà condamné, est en ce sens remarquable. Le tout servit par un casting d’excellents acteurs, une distribution exigeante jusqu’aux plus petits rôles.

Enfin une série qui aborde les témoins et coupables avec finesse sans être moralisateur ou empathique. Le final ne procure aucun soulagement aux téléspectateurs et aux personnages, le meurtre laisse une blessure profonde et un malaise ambiant.
Les passionnés du cinéma anglais y retrouveront sa précision chirurgicale et sa rigueur scénaristique.
Broadchurch frôle la réalisation cinématographique par l’utilisation des paysages au service d’une atmosphère pesante : l’horizon infini mais gris, le sable fin au bord d’une mer que l’on devine froide et battue par les vent et les vastes étendues vides d’herbe verte.

Quand dans la plupart des séries où l’enquête se résume à un seul épisode répondant à des mécanismes immuables, Broadchurch ose le temps long,  privilégie l’observation, la mécanique du lynchage, de la suspicion et surtout organise parfaitement le suspens et offre un final aussi inattendu que bouleversant. Elle parvient à mettre en scène toutes les conséquences que peut avoir un meurtre dans un lieu si réduit sans s’emmêler entre les différentes intrigues, sans perdre le fil entre digressions psychologiques ou philosophiques.

La diffusion sur France 2 a réalisé d’excellentes audiences avec une moyenne de 6 millions de téléspectateurs. Si on peut espèrer voir se crééer un élan autour de cet engouement, la France comme les Etats-Unis ont eu l’étrange idée de produire leurs propres versions.
A l’heure où l’audace est tristement absente de la programmation des grandes chaînes il serait dommage après un tel succès de finir sur un vulgaire copié-collé.

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